jeudi 6 septembre 2007

Epictète, son Manuel et sa leçon de vie...

I
1.— Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d'autres non. De nous, dépendent la pensée, l'impulsion, le désir, l'aversion, bref, tout ce en quoi c'est nous qui agissons ; ne dépendent pas de nous le corps, l'argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi ce n'est pas nous qui agissons.
3.— Donc, rappelle-toi que si tu tiens pour libre ce qui est naturellement esclave et pour un bien propre ce qui t'est étranger, tu vivras contrarié, chagriné, tourmenté ; tu en voudras aux hommes comme aux dieux ; mais si tu ne juges tien que ce qui l'est vraiment — et tout le reste étranger —, jamais personne ne saura te contraindre ni te barrer la route ; tu ne t'en prendras à personne, n'accuseras personne, ne feras jamais rien contre ton gré, personne ne pourra te faire de mal et tu n'auras pas d'ennemi puisqu'on ne t'obligera jamais à rien qui pour toi soit mauvais.

III
Pour tout objet qui t'attire, te sert ou te plaît, représente-toi bien ce qu'il est, en commençant par les choses les plus petites. Si tu aimes un pot de terre, dis-toi : « J'aime un pot de terre. » S'il se casse, tu n'en feras pas une maladie. En serrant dans tes bras ton enfant ou ta femme, dis-toi : « J'embrasse un être humain. » S'ils viennent à mourir, tu n'en seras pas autrement bouleversé.

VI
Ne te monte jamais la tête pour une chose où ton mérite n'est pas en cause. Passe encore que ton cheval se monte la tête en disant : « Je suis beau » ; mais que toi, tu sois fier de dire : « J'ai un beau cheval » ! Rends-toi compte que ce qui t'excite c'est le mérite de ton cheval ! Qu'est-ce qui est vraiment à toi ? L'usage que tu fais de tes représentations ; toutes les fois qu'il est conforme à la nature, tu peux être fier de toi : pour le coup, ce dont tu seras fier viendra vraiment de toi.

VIII
N'attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites ; décide de vouloir ce qui arrive et tu seras heureux.

IX
La maladie est une gêne pour le corps ; pas pour la liberté de choisir, à moins qu'on ne l'abdique soi-même. Avoir un pied trop court est une gêne pour le corps, pas pour la liberté de choisir. Aie cette réponse à l'esprit en toute occasion : tu verras que la gêne est pour les choses ou pour les autres, non pour toi.

X
Devant tout ce qui t'arrive, pense à rentrer en toi-même et cherche quelle faculté tu possèdes pour y faire face. Tu aperçois un beau garçon, une belle fille ? Trouve en toi la tempérance. Tu souffres ? Trouve l'endurance. On t'insulte ? Trouve la patience. En t'exerçant ainsi tu ne seras plus le jouet de tes représentations.

XI
Ne dis jamais, à propos de rien, que tu l'as perdu ; dis : « Je l'ai rendu. » Ton enfant est mort ? Tu l'as rendu. Ta femme est morte ? Tu l'as rendue. « On m'a pris mon champ ! » Eh bien, ton champ aussi, tu l'as rendu. « Mais c'est un scélérat qui me l'a pris ! » Que t'importe le moyen dont s'est servi, pour le reprendre, celui qui te l'avait donné ? En attendant le moment de le rendre, en revanche, prends-en soin comme d'une chose qui ne t'appartient pas, comme font les voyageurs dans une auberge.

XIII
Si tu veux progresser, accepte de passer pour un ignorant et un idiot dans tout ce qui concerne les choses extérieures ; n'essaie jamais d'avoir l'air instruit. Si certains ont bonne opinion de toi, méfie-toi. Tu dois savoir qu'il n'est pas facile de suivre ce qu'enjoint la nature en s'attachant aux objets extérieurs : si tu poursuis l'un de ces objectifs, il est inévitable que tu négliges l'autre.

XIV
1.— Si tu souhaites que tes enfants, ta femme et tes amis soient éternels, tu es un fou, car c'est vouloir que ce qui ne dépend pas de toi en dépende ; que ce qui n'est pas à toi t'appartienne. De même, si tu veux un serviteur sans défauts, tu es stupide, puisque tu voudrais que la médiocrité soit autre chose que ce qu'elle est. Mais si tu veux atteindre l'objet de tes désirs, tu le peux. Exerce-toi à ce qui est en ton pouvoir.

XVII
Souviens-toi que tu joues dans une pièce qu'a choisie le metteur en scène : courte, s'il l'a voulue courte, longue, s'il l'a voulue longue. S'il te fait jouer le rôle d'un mendiant, joue-le de ton mieux ; et fais de même, que tu joues un boiteux, un homme d'État ou un simple particulier. Le choix du rôle est l'affaire d'un autre.

XIX
1.— Tu peux être invaincu, si jamais tu n'engages de lutte où la victoire ne dépende pas de toi.

XXV
1.— Pour un festin, un discours, un conseil, on t'a préféré quelqu'un d'autre. Si ce sont des biens, réjouis-toi qu'ils lui échoient. Si ce sont des maux, ne te plains pas d'y avoir échappé ! D'ailleurs, souviens-toi aussi que si tu n'en fais pas autant que d'autres pour obtenir ce qui ne dépend pas de nous, tu ne peux pas t'attendre aux mêmes résultats qu'eux.

XXVII
De même que la marque n'est pas là pour faire rater la cible, de même il n'y a pas de place pour le mal dans l'ordre universel.

XXIX
1.— Pour tout ce que tu entreprends, examine les tenants et aboutissants avant de passer à l'action. Sans cela, tu seras d'abord plein de zèle, parce que tu ne penseras à rien de ce qui va s'ensuivre, et puis, dès que surgiront les difficultés, tu abandonneras lâchement la partie.
3.— Pense à tout cela et après, si tu en as encore envie, entre dans la carrière. Sinon, tu ne seras qu'un gamin qui joue tantôt aux lutteurs, tantôt aux gladiateurs, tantôt aux sonneurs de trompette, tantôt aux acteurs de tragédie. Un jour tu seras athlète, un autre gladiateur, un autre rhéteur, un autre philosophe, mais jamais tu ne seras rien à fond. Comme un singe, tu imiteras tout ce que tu vois, et tu choisiras tantôt une chose, tantôt l'autre. Car tu ne te seras pas mis à la tâche après réflexion, en ayant fait le tour de la question, mais au petit bonheur, poussé par une éphémère envie.

XXXI
3.— Car la nature fait que tout être vivant cherche à éviter et à fuir les événements qui lui semblent nuisibles, ainsi que les causes qui les déterminent, tandis qu'il accueille avec gratitude les événements conformes à son intérêt avec ce qui les cause. Il est donc impossible, quand on se croit lésé, d'être bien disposé envers l'auteur de ce tort supposé, tout comme on ne saurait se réjouir du dommage lui-même.

XXXIII
1.— A partir d'aujourd'hui, décide d'un style, d'un genre de vie que tu garderas aussi bien seul que devant les autres.
9.— Si l'on te rapporte qu'un tel a dit du mal de toi, ne cherche pas à te défendre de ses accusations, mais réponds simplement : « Je vois qu'il ne connaissait pas tous mes défauts, sinon il en aurait dit bien davantage ! »

XXXIV
Quand il te vient l'envie d'un plaisir, comme pour les autres sortes de représentations, prends garde de ne pas céder à sa violence : laisse reposer la chose et accorde-toi un délai, songe à ces deux instants : celui où tu goûteras le plaisir et celui où, après y avoir goûté, tu en auras le regret et t'insulteras toi-même tout bas. Oppose à cela la joie que tu éprouveras et les louanges que tu t'adresseras, si tu t'abstiens. Si tu trouves opportun de passer à l'acte, fais attention de ne pas succomber à la douceur agréable et séduisante de la chose. Imagine, pour y résister, combien précieuse est la conscience d'avoir remporté cette victoire-là.

XXXV
Lorsque tu en arrives à la conclusion qu'il faut faire une chose, fais-la, et ne cherche pas à t'en cacher même si les gens risquent d'en penser du mal. Car ou bien tu as tort d'agir ainsi, et il ne fallait pas le faire, ou bien tu as raison, et tu n'as pas à craindre les reproches injustifiés.

XXXVII
Si tu te lances dans une entreprise qui dépasse tes forces, non seulement tu te conduis comme un idiot, mais tu négliges d'accomplir ce qui était dans tes possibilités.

XXXVIII
Tout comme tu fais attention, en te promenant, à ne pas marcher sur un clou et à ne pas te tordre la cheville, fais attention aussi à ne pas faire de mal à ce qui dirige ton âme. En gardant cette nécessité à l'esprit au seuil de chaque entreprise, nous ferons plus sûrement ce que nous avons à faire.

XLI
C'est la marque d'un naturel débile que de s'attarder aux choses du corps, comme de passer trop de temps à prendre de l'exercice, à manger, à boire, à faire ses besoins, à copuler. Tout cela, il faut le faire comme en passant ; c'est sur notre jugement que nous devons porter toute notre attention.

XLIV
Il n'est pas logique de dire : « Je suis plus riche que toi, donc je vaux mieux que toi » ; « Je parle mieux que toi, donc je vaux mieux que toi. » Ce serait bien plus logique de dire : « Je suis plus riche que toi, donc ma fortune vaut mieux que la tienne » ; « Je parle mieux que toi, donc mon éloquence vaut mieux que la tienne. » Car tu n'es ni ta fortune ni ton éloquence.

XLV
Un tel se lave vite : ne dis pas qu'il se lave mal, mais qu'il se lave vite. Si un autre boit beaucoup de vin, ne le traite pas d'ivrogne, dis simplement qu'il boit beaucoup. En effet, qu'en sais-tu, avant d'avoir pesé leurs raisons ? De cette façon, tu éviteras, devant ce que tu te représentes d'un objet, de lui donner une autre représentation.

XLVIII
1.— Attitude et caractère de l'homme ordinaire : il n'attend rien, en bien ou en mal, de soi-même, et tout des circonstances extérieures. Attitude et caractère du philosophe : il attend tout, en bien comme en mal, de soi-même.
2.— Signes distinctifs de l'homme en progrès : il ne blâme personne, ne loue personne, ne reproche rien à personne, n'accuse personne ; il ne dit jamais rien qui tende à faire croire qu'il sait quelque chose ou qu'il est quelqu'un. En cas d'échec ou d'obstacle, il ne s'en prend qu'à soi-même. S'il reçoit des éloges, il rit en secret de celui qui les fait ; si on le critique, il ne cherche pas à se défendre. Il marche comme les malades, attentif à ne pas brusquer le membre en voie de guérison tant qu'il n'est pas cicatrisé.
3.— Tout désir lui vient de lui seul ; quant à l'aversion, il est entraîné à n'en éprouver que pour ce qui, tout en dépendant de nous, est contraire à la nature. Ses inclinations, quel qu'en soit l'objet, sont modérées. S'il passe pour stupide ou ignorant, il n'en a cure. En un mot, le seul ennemi qu'il ait à redouter, c'est lui- même.

L
Une fois que tu t'es fixé des buts, tu dois t'y tenir comme à des lois qu'on ne peut transgresser sans impiété. Et quoi que l'on dise de toi, n'y prête pas attention : cela ne te concerne plus.

LI
1.— Combien de temps encore vas-tu attendre pour t'estimer digne des plus grands biens, et cesser enfin d'enfreindre la règle qui doit déterminer ta vie ? Tu connais les principes qui doivent fonder ta réflexion ; c'est assez réfléchi ! Quel maître attends-tu, à présent, pour te décharger, sur lui, du soin de ton progrès moral ? Tu n'as plus quinze ans, tu es un homme mûr. Si désormais tu te montres négligent, si tu prends les choses à la légère, si tu continues à échafauder projet sur projet en reculant sans cesse le jour où tu devras enfin prendre soin de ta vie, tu ne feras aucun progrès, et, sans t'en rendre compte, tu finiras par vivre et mourir comme un homme ordinaire.

mardi 26 juin 2007

Le Petit Prince et le Renard


C'est alors qu'apparut le renard.
"Bonjour, dit le renard.
- Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se tourna mais ne vit rien.
- Je suis là, dit la voix, sous le pommier.
- Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli...
- Je suis un renard, dit le renard.
- Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...
- Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé
- Ah! Pardon", fit le petit prince.
Mais après réflexion, il ajouta :
"Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
- Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu?
- Je cherche les hommes, dit le petit prince.Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
- Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant! Il élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules?
- Non, dit le petit prince. Je cherche des amis.Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie "Créer des liens..."
- Créer des liens?
- Bien sûr,dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'a pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
- Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
- C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses...
- Oh! ce n'est pas sur la Terre", dit le petit prince. Le renard parut très intrigué:
"Sur une autre planète ?
- Oui.
- Il y a des chasseurs sur cette planète-là ?
- Non.
- Ça, c'est intéressant! Et des poules ?
- Non.
- Rien n'est parfait", soupira le renard.
Mais le renard revint à son idée :
"Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appelera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu a des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'aura apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé..."
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
"S'il te plaît... apprivoise-moi! dit-il.
- Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Il achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
- Que faut-il faire? dit le petit prince.
- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près..."
Le lendemain revint le petit prince.
"Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrira le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur... il faut des rites.
- Qu'est-ce qu'un rite? dit le petit prince.
- C'est quelque chose trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurait point de vacances."


Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche :
"Ah! dit le renard... je pleurerai.
- C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
- Bien sûr, dit le renard.
- Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
- Bien sûr, dit le renard.
- Alors tu n'y gagnes rien!
- J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé."
Puis il ajouta :
"Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret."
Le petit prince s'en fut revoir les roses.
"Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisé et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde."
Et les roses étaient gênées.
"Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose."


Et il revint vers le renard :
"Adieu, dit-il...
- Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
- L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
- C'est le temps que tu a perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
- C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.
- Les hommes on oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
- Je suis responsable de ma rose...", répéta le petit prince, afin de se souvenir.

jeudi 21 juin 2007

Un peu d'Art Contemporain.


Niki de Saint Phalle, née Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle à Neuilly-sur-Seine le 29 octobre 1930 et décédée à San Diego le 21 mai 2002 est une artiste française, plasticienne, peintre, sculpteur et réalisatrice de films. Niki de Saint Phalle, est d'abord comédienne et ne suit pas d'enseignement artistique, mais commence à peindre en 1952. En 1960, elle est membre du groupe des Nouveaux réalistes.
Née en France, Niki de Saint Phalle a suivi sa famille aux États-Unis à la suite d'un krach boursier. Fortement perturbée par un père incestueux, elle travaille d'abord comme mannequin pour Vogue, Life et Elle. Puis elle débute sa carrière artistique, encouragée par le peintre Hugh Weiss.
Les tirs, performances durant lesquelles des spectateurs sont invités à tirer à la carabine sur des poches de couleur, éclaboussant ainsi des assemblages de plâtre, la rendent célèbre. Elle intègre alors le cercle des nouveaux réalistes, jouant le rôle de médiatrice entre les avant-gardes française et américaine. Elle crée des ex-voto, puis des Nanas, femmes plantureuses et colorées en grillage, papier mâché et polyester.
Ses œuvres plus tardives comme la Fontaine Igor Stravinski à Paris, le Jardin des Tarots à Capalbio en Toscane, ou les Meta-Tinguely en hommage à son mari disparu, mêlent poésie et humour, esprit du jeu et angoisse. Engagée dans l'association AIDS, elle succombe à une maladie respiratoire liée aux vapeurs toxiques inhalées durant la préparation de ses œuvres.




Jolie découverte en effet que celle de Niki de Saint Phalle lors d'une visite du Tate Modern il y a quelques années. Une de ses oeuvres en particulier m'a marquée, et bien que je ne l'ai pas revue depuis cette visite, je m'en souviens encore très clairement. Cependant, le texte qui l'accompagnait couvre toujours une page du roman qui m'accompagnait ce jour-là ; c'est donc avec plaisir que je le partage, et que je vous souhaite à tous de croiser la route de L'Autel du Chat Mort un jour, puisqu'il m'est impossible d'en trouver un aperçu sur le net.

"The painting was the victim, WHO was the painting ? Daddy ? All men ? Small men ? Tall men ? Big men ? Fat men ? Men ? My brother John ? Or was the painting ME : Did I shoot at myself during a RITUAL which enabled me to die by my own hand and be reborn ? I was immortal !... I was shooting at MYSELF, society with its injustices. I was shooting at my own violence and the violence of the times. By shooting at my own violence, I no longer had to carry it inside me like a burden."
Niki de Saint-Phalle, Altar of the Dead Cat 1962

mercredi 20 juin 2007

"Ami ! Frénétiquement."



«Il arrive qu’un individu devienne le centre de votre vie, sans que vous ne soyez lié à lui ni par le sang ni par l’amour, mais simplement parce qu’il vous tient la main, vous aide à marcher sur le fil de l’espoir. Ami ! Frénétiquement.»

[ Fatou Diome ] - Le ventre de l’Atlantique

samedi 16 juin 2007

De la folie du Glam-Rock à la douceur d'une ballade.


Toute la musique que j'aime, sans fioritures parce que j'aime, justement, et ne ressens pas le besoin de le justifier. Liste non-exhaustive, juste quelques constantes, quelques coups de coeur du moment ou de longtemps...

Forever Glam-Rock
Empereur de cette univers, David Bowie, androgyne et bisexuel assumé, est sans doute une des créatures les plus pailletées qu'ait vu défiler l'Angleterre. Ont suivi des artistes tout aussi brillants, d'autres dandys overstrassés, tels que Roxy Music, Lou Reed ("Satellite of Love", "Berlin"), Kiss, Iggy Pop & The Stooges ("The Passenger", "I wanna be your dog") , T-Rex...
Petits "suiveurs", des groupes tels que The Dandy Warhols, The Darkness, The Cure (Pornography, Kiss Me Kiss Me Kiss Me, "Boy's don't cry","Close to Me", "Just Like Heaven") , Queen ("Bohemian Rhapsody"), Indochine (Nuits Intimes, album sublime s'il en est) tout simplement cultes, ont amené ce mouvement vers d'autres horizons, ce qu'a également fait Placebo à ses débuts, avant de se tourner vers un univers un peu plus électro.

Always Pop
Niveau pop-rock (catégorie très vague, je l'entends bien), c'est assez varié. J'ai des coups de coeur, du genre Hawksley Workman ("Dirty and True"), Counting Crows ("Colorblind", "I Wish I Was a Girl"), Jason Mraz ("Life is Wonderful", "Bella Luna", "Did You Get my Message", "I'm Yours"), Damien Rice... Mais j'aime également, en vrac, The Verve, Blur (évidemment !), Depeche Mode ("Enjoy The Silence", "Never Let Me down again"...), Audioslave, Stereophonics, The Strokes, Maroon 5 ("She will be loved"), BitterSweet, Creed ("Lullaby"). Mention très spéciale à Radiohead ("Karma Police"), K's Choice (Paradise in Me), James Morrison ("Wonderful World", "You give me something", "The pieces won't fit anymore"), Robbie Williams, et, bien sûr, Oasis ("Cigarettes and Alcohol", "Fade In-Out", "Wonderall") et The Beatles ("Wild Honey Pie", "Help", "Hey Jude", "Across The Universe", "Let it Be", "Sexy Sadie").


I wish I was a Punk Rocker
Que des classiques dans cette catégorie :
Nirvana ("Heart Shaped Box", "Rape Me", "Son of a Gun"), The Doors, The Pixies ("Where is my mind", excellente reprise de Placebo également), Elliot Smith ("Shooting Star"), Sex Pistols (Never Mind the Bollocks), U2 ("With or Without You", "One", "Pride", "Sunday Bloody Sunday", "Staring at the Sun", "Indian Summer Sky"), The Police ("Every Breath You Take", "Message in a bottle", "Roxanne"), The Who ("Behind Blue Eyes", superbe), et bien sûr Pink Floyd ("Wish You Were Here", The Wall).

Frenchies en pagaille
Outre Indochine, cité plus haut, Noir Désir est un des groupes français que je connais et écoute depuis le plus longtemps, avec Téléphone bien entendu.. J'aime également Dionysos (Western sous la neige), Daisybox, Kaolin (très très sympa en live), Martin Rappeneau ("Daisy Nepsy", "Julien"), -M- et Calogero. J'aime les textes incisifs et si magnifiques que peuvent écrire et/ou chanter Tryo ("Serre-Moi"), Saez ("J'veux qu'on baise sur ma tombe", "Usé"), Ben Ricour ("Vivre à même l'amour", "Le Risque"), Cedric Atlan ("Elizabeth", "A 3 grammes et demi du matin"), Miossec ("La Mélancolie", "Je m'en vais") . J'aime les ballades romantiques et inspirées de Melissa Mars ("Chaperon Rouge", "Un homme dans ma peau", "Chapitre toi", "Je fais peur aux garçons") , Raphaël ("T'apporter mon Amour", "Qu'on est bien dans ce monde", "Peut-être a-t-il rêvé", "Schengen") , Jean-Louis Aubert ("Ailleurs", "Alter Ego"), Fersen ("La Chauve-Souris"), Jehro ("Salima", "Continuando", "Sweet"), Maël (mon dernier coup de coeur... "Emma Peel", "Apologie", "Les Beaux Regards", "Attachée, t'as toujours été très belle").

Et s'il n'en fallait choisir qu'une...
Jeff Buckley - Hallelujah

vendredi 15 juin 2007

Emily Brontë - Wuthering Heights


"This is nothing," cried she : "I was only going to say that heaven did not seem to be my home; and I broke my heart with weeping to come back to earth, and the angels were so angry that they flung me out into the middle of the heath on the top of Wuthering Heights; where I woke sobbing for joy. That will not explain my secret, as well as the other. I've no more business to marry Edgar Linton than I have to be in heaven; and if the wicked man in there had not brought Heathcliff so low, I shouldn't have thought of it. It would degrade me to marry Heathcliff now; so he shall never know how I love him: and that, not because he's handsome, Nelly, but because he's more myself than I am. Whatever our souls are made of, his and mine are the same."

"If all else perished, and he remained, I should still continue to be; and if all else remained, and he were annihilated, the universe would turn to a mighty stranger."

"Nelly, I am Heathcliff !"


Emily Bronte, Wuthering Heights



Image : Irlande, 2003

jeudi 14 juin 2007

À livre ouvert...


La lecture et les livres ... vaste sujet.
Celui qui occupe ma table de chevet ces temps-ci, et depuis un bon moment d'ailleurs, c'est L'Amant de Lady Chatterley (D.H. Lawrence). Je l'ai remplacé le semestre passé par les trois oeuvres au programme : Jude the Obsure/Jude l'Obscur (T. Hardy), Julius Caesar/Jules César (W. Shakespeare), et The Picture of Dorian Gray/Le Portrait de Dorian Gray (O. Wilde). Curieusement, Shakespeare est, avec un peu de recul, celui qui m'a le plus plu. Je trouve que les lectures obligatoires sont une bonne chose, ça m'a permis de découvrir The Old Man and the Sea/Le Vieil Homme et la Mer (E. Hemingway) et Wuthering Heights/Les Hauts de Hurle-Vent (E. Bronte) l'année dernière, oeuvres que j'ai vraiment adorées, ainsi que Le Meilleur des Monde (A. Huxley) et L'Utopie (T. More) durant mes annés lycée. Et puis, je ne peux pas ne pas citer mes classiques, en vrac, Laclos (Les Liaisons Dangereuses), Schopenhauer (Metaphysique de L'amour), Sartre, Freud, Montesquieu (Les Lettres Persanes), Sade (La Philosophie dans le boudoir), Poe, et l'immense Baudelaire (Mon poème préféré, "Le Lethé"). Heureusement parfois qu'on se retrouve avec des lectures cursives ou obligatoires.

Trève de lectures obligatoires, j'ai des goûts assez variés lorsqu'il s'agit de mes choix personnels. Je peux apprécier le côté futile et relaxant de la série des Gossip Girls (C. Von Ziegesar) ou d'autres romans qualifiés de "chicklit" outre-Manche. J'aime également les romans plus sociologiques, comme Moi, Charlotte Simmons (T. Wolfe), qui analyse la société de la jeunesse américaine dorée qui peuple les universités (roman qui m'a d'ailleurs inspirée pour un exposé sur la culture Anglo-Saxonne), ou les oeuvres de Brett Easton Ellis (American Psycho, Rules of Attraction, Lunar Park).

Outre ces goûts variés, certains auteurs sont incontournables à mes yeux. Je suis absolument fan de la saga des Harry Potter (J.K. Rowling), les premiers romans que j'ai dévorés en anglais, pas la patience d'attendre leur sortie française. Je suis également une grande fan du Seigneur des Anneaux (J.R.R. Tolkien). J'aimais également A. Nothomb, à ses débuts, moins maintenant, (mon préféré : Mercure), Guillaume Musso (Sauve-Moi), V. Despentes (Teen Spirit).

J'ai une attirance assez prononcée pour le domaine du fantastique, ayant dévoré les oeuvres de S. King depuis ma plus tendre enfance. Il reste un auteur que j'apprécie pour des oeuvres telles que La Ligne Verte ou Shining (le roman est mille fois plus efficace que le film pour ne plus jamais oser laisser votre rideau de baignoire fermé). Je suis une inconditionnelle d' Anne Rice, que j'ai découvert il y a une huitaine d'année grâce à sa "Saga des Sorcières" (Le Lien Maléfique, L'Heure des Sorcières, Taltos), que j'ai tellement aimée que j'ai couru m'acheter ses "Chroniques des Vampires" : Entretien avec un vampire, Lestat le vampire, La Reine des damnés, Le Voleur de Corps, Memnoch le démon, Armand le vampire, Merrick et Le Sang et l'or. Mes "Chroniques" s'arrètent ici, mais deux autres oeuvres ont été publiées à la suite. J'ai également sa saga "Les Infortunes de la Belle au bois dormant", qui reprend de façon un peu particulière le conte bien connu : L'Initiation, La Punition et La Libération sont trois contes très portés jeux D/s. Outre ses sagas, elle a également publié d'autres oeuvres fantastiques telles que La Momie ou Le Sortilège de Babylone.
Toujours dans le domaine du fantastique, Des Anges et des démons (C. Golden) est un tres bon roman lui aussi.

Une de mes auteures préférées sort de tous ces domaines : Torey Hayden, psychologue pour enfant (découverte alors que j'envisageais la même profession) qui raconte au travers de livres des experiences auxquelles elle a été confrontée dans sa carrière (vraies ou inventées, je n'en sais pas plus que vous). Ses romans me touchent plus les uns que les autres, c'est écrit de telle manière que personne ne peut rester insensible à la detresse de ces enfants. Les thèmes abordés sont vastes (inceste, violence...), elle en parle sans tabous. Déconseillé aux âmes sensibles en tout cas.

Sinon, je lis Cosmo et Glamour tous les mois. J'aurais peut-être dû me contenter de cette information, ç'aurait été moins long.


Plus de détails sur certaines de ces oeuvres à venir.